Cap au Sud

Après plus de deux mois et demi de voyage, nous mettons toujours 2 heures entre le réveil et les premiers tours de roue de la journée. Qu'il faille plier la tente ou que l'on soit hébergés n'y change rien.

C'est donc un peu après 9:00 que nous entamons notre dernière étape. Un peu émus, excités, fébriles et déçus à la fois. S'ajoute aussi la surprise d'être arrivés à faire, presque comme nous l'avions imaginé, ce voyage jusqu'à Alicante. Voyage fait de rencontres variées, de paysages impressionnants et de (bonnes) surprises.

Alors que nous profitons d'une timide éclaircie pour un dernier picnic sur le bord de la route, un voisin intrigué par nos vélos chargés vient discuter longuement avec nous. Ancien cycliste, ses yeux brillent à l'évocation de notre périple et de ses propres voyages jamais réalisés. Nous le quittons craignant que la pluie ne s'installe. Il nous faut avancer.

Quelques kilomètres avant la fin, on s'arrête chez nos amis P. & F. histoire de ne pas arriver trop vite à la maison. On prend le temps de se retrouver et de discuter autour d'un café. Manière pour nous de reprendre en douceur nos repères de sédentaires. Vite, il est temps ...

La journée promet d'être humide. Elle sera trempée. La météo annoncée prévoit de la pluie et du vent toute la journée. De notre côté, nous prévoyons du dénivelé. Les deux prévisions réunies donnent une journée très très humide et difficile. Les rares pauses se font dans de trop rares arrêts de bus avec un abri pour grignoter dattes et gâteaux secs. Nous sommes dimanche et ne croisons que des troquets fermés. Quand nous en croisons.

Le bocage virois, ce n'est peut être pas une étape de montagne mais ça monte et ça descend tout le temps. Avec la pluie qui ne s'arrête pas, les mains (malgré les gants) et les pieds sont vite trempés. Le reste du corps est relativement protégé mais l'humidité liée à la transpiration donne froid. Surtout avec le vent qui ne fait que se renforcer en cours de journée. Les kilomètres nous paraissent de plus en plus longs. Heureusement, des ami·es nous prêtent leur maison ce soir. À notre grand regret, ils ne sont pas là mais des clefs judicieusement (non) cachées dehors, un poêle encore chaud et de la nourriture dans le frigo nous attendent au bout de cette dure journée.

Avant 20:00 ...

Petit déjeuner avec nos hôtes et nous sommes de nouveau en selle vers le Nord. Le soleil peine à nous rechauffer alors nous roulons. Notons que même réchauffés, nous aurions roulé.

Malgré de multiples tentatives auprès de multiples boulangeries, nous échouons à trouver la moindre part de far breton. Toute cette route et finir bredouille, quelle tristesse. Alors que l'on espère encore se sortir de cette impasse en traversant la ville de Fougères, on nous répond qu'il n'y en a plu, ou pire, que ce n'est pas le jour du far. Toutes les excuses sont bonnes. Ou pas. On se réfugie dans une crêperie qui n'a... plus de crêpes ! Cette journée est un échec culinaire.

On se console avec la belle forêt traversée après Fougères pour rejoindre le coin perdu ( la Bazouge du désert, ça ne s'invente pas) où nous sommes accueillis ce soir par un couple de Warmshowers. Nous dormirons cette nuit dans une vieille caravane garée dans une vieille grange. Nos hôtes ont pris le temps de nous installer une rallonge électrique et un petit chauffage. Le pied !

La soirée s'étire avec moults échanges autour de leur expériences de voyageurs à vélo. On ne se lasse pas de ...

Vincent, notre hôte de cette nuit, nous accompagne sur les premiers kilomètres. Très vite, nous roulons sur la piste qui longe la Vilaine ou son canal. La brume matinale donne une ambiance et des vues magnifiques. Il fait frais pour ne pas dire froid. Je suis partagé entre rouler vite pour me réchauffer, ou ralentir pour limiter le froid ressenti par le vent malgré le bonnet et le tour du cou. Les kilomètres défilent... Ça y est, le soleil est levé. On va pouvoir se réchauffer.

Alors que nous nous arrêtons pour manger sur une aire de picnic, on réalise que c'est précisément ici que l'on a fait un de nos tous premiers bivouacs il y à près de 10 ans, lors de nos débuts à vélo ! Séquence souvenirs.

Cette longue étape (Heureusement que c'est plat) nous amène jusqu'à Rennes où l'on endosse une nouvelle fois, et pour notre plus grand plaisir, notre rôle de "facteur humain" pour remettre un courrier à Camille. On a eu un peu peur qu'elle ne soit pas là mais l'insistance de nos coups de sonnettes a payé : la porte s'ouvre alors que nous nous étions en train de repartir.

Un peu au dernier moment ...

Nous repartons ce matin gonflés à bloc après un chouette moment d'échange et une bonne nuit de repos. Le simple fait d'avoir de nouveaux courriers à remettre à leur destinataire nous motive. Même si le voyage commence sérieusement à prendre un air de retour, on apprécie d'aller au devant de nouvelles rencontres, qu'elles soient éphémères ou non. Les premières heures, le soleil peine à nous réchauffer. Surtout accompagnés du petit vent de nord-est (Le nordet ne m'avait pourtant pas manqué). Nous quittons Nantes pour Redon sur la base d'un itinéraire dont les deux premiers tiers se font sur la route puis sur le chemin de halage, le long de l'Isac. On s'arrête quelques minutes sur un super site, "la Carrière", que des bénévoles entretiennent et qui offre abri, eau potable, tables de picnic et toilettes sèches. Tout ce dont peut rêver un·e cycliste en quête de bivouac. Pour notre part, nous dormons ce soir à Redon. Chez Vincent, la personne à l'initiative des facteurs humains. Encore une chouette rencontre !

Ça y est, nous ne sommes plus cap au sud en Espagne mais plein nord, en France. Nous faisons maintenant route en direction de Bayeux depuis Nantes où nous sommes arrivés ce matin en avion (je sais, c'est moche).

Super accueil chaleureux et bienveillant ce soir par @Marmous et ses colocs. Merci à toustes. On a passé une excellente soirée et on s'est super bien reposes après notre nuit blanche (ou presque). Non seulement nous avons passé un bon moment, mais en plus, nous avons récupéré de nouvelles missives à transporter. Et ça, Sophie & moi, on adore !

Dernière étape espagnole à vélo aujourd'hui pour rejoindre Alicante où nous prenons 48 heures pour préparer notre retour en France.

Le soleil cogne fort et il fait chaud dans la plaine des ce matin. le contraste avec les jours pluvieux predecents est saisissant. Au sud, c'est une succession de pépinières immenses avec des milliers d'oliviers taillés, ou plutôt torturés, qui "attendent" d'être vendus.

On ne trouve aucun endroit digne d'intérêt pour pique-niquer donc nous continuons jusqu'à destination sans nous arrêter. Le hasard nous fait passer devant l'aéroport : on sait donc maintenant que le trajet pour le rejoindre se fera sans soucis sur piste cyclable depuis Alicante. cool.

Nous tardons à nous lever aujourd'hui. Il faut dire que nous ne sommes pas très motivés à l'idée de rouler sous de potentielles trombes d'eau et sur des routes boueuses voir inondées. Les autorités locales déconseillent de s'approcher des rivière, gorges, pont et tunnels (alarmes broadcast sur les téléphones). Nous décidons de rallier la mer les grands axes plutôt que par les petites routes ou chemins de l'eurovelo 8 qui longe la rivière locale justement.

Avant de partir, passage par l'office de tourisme d' Orihuela pour acter notre fin du Camino Del Cid. Un dernier tampon, un dernier badge, une photo de "finisher" et nous partons (enfin) en direction de la mer.

Il ne pleut finalement pas, la route est dégagée mais très passante. Petit à petit, le ciel se dégage lui aussi et sous le soleil, nous décidons de reprendre la piste pour retrouver un peu de calme. Après notre journée de repos forcé, on est contents de rouler, surtout par beau temps.

Arrivés à la station balnéaire de Guardamar Del Segura relativement tôt. On en profite pour faire une longue balade le long de la mer, les pieds dans l'eau. Le vent d'est assez fort rend tout projet ...

La météo annoncée n'est pas franchement bonne ce matin. Mais c'est la journée la moins pire des prochains jours. Nous ne sommes qu'à une soixantaine de kms d' Orihuela qui constitue la fin du Camino Del Cid. La tentation est donc grande de finir ce chemin aujourd'hui.

Le ciel menace dès les premiers kilomètres mais nous roulons presque sans pluie jusqu'au pique-nique que nous prenons à l'abri sur le parvis d'une église. Le ciel est noir, l'orage est cette fois-ci bien installé au dessus de nous. Les pantalons et vestes de pluie sont mis à contribution et c'est parti pour les 25 kms restants.

Alors qu'il pleut depuis moins d'une heure, nous sommes surpris de devoir rouler sur des routes inondées. On voit même des plaques d'égouts soulevées. Nous mettons plusieurs fois pieds à terre ou plutôt "sous l'eau". Comme si la pluie ne suffisait pas, la guardia civile nous double, toute sirène hurlante, et provoque une gerbe d'eau plus grande que moi. Je suis dessous. À 2 ou 3 moments, la circulation devient compliquée. Mais en milieu d'après midi, nous arrivons à Orihuela. Très déçus de ne trouver aucun monument en rapport avec ce Camino Del Cid de près ...

La journée commence par un détour dans un magasin de bricolage pour trouver une clef de 15 et du wd40. En effet, pour gagner quelques centaines de grammes j'étais parti avec une clef légère. Elle n'a servi àrien et s'est tordue sans que la pédale récalcitrante s'en émeuve. Hop, poubelle pour la clef "light".

Plus de 12 kms pour sortir de Valence et ses faubourgs, c'est long. Et un poil stressant malgre les infrastrucures cyclables. Après, ce n'est pas beaucoup mieux. Nous ne sommes plus en ville mais au milieu d'immenses vergers de kaki. De temps en temps, un énorme jasmin en fleur borde la route pour notre plus grand plaisir olfactif.

En fin de journée, le paysage change, les montagnes sont de plus en plus proches. On termine par une voie verte "toute neuve". c'est nettement mieux que ce matin. Direction le camping de Xativa.